En regardant cette photo d’Ana Claudia Rocha Ferreira et de son sourire radieux, on ne peut imaginer une seconde le calvaire qu’elle a enduré… Pourtant, cette jeune Brésilienne a vécu ce que bien de ses concitoyennes ont éprouvé et éprouvent encore : afin de conserver son emprise sur elle, son ex conjoint l’a violemment battue, jusqu’à l’édenter. Au point qu’a l’instant de leur séparation, il ne lui restait plus que quatre dents au devant de la bouche…
Dans bien des cas, la violence portée sur le corps féminin vise à conforter et à solidifier le pouvoir patriarcal. Au Brésil, il est courant que les hommes qui battent leur femme ciblent plus particulièrement la bouche et les dents avec pour volonté d’anéantir leur féminité. Comme Claudia, les victimes restent souvent cloitrées chez elles… Par honte.
Pour leur venir en aide et les encourager à prendre un nouveau départ, un réseau de dentistes bénévoles se mobilise pour offrir un nouveau sourire aux femmes comme Ana qui ont eu le courage de quitter leur compagnon, enfin… leur agresseur.
Fondée en 2012 à Sao Paulo, par le dentiste Fabio Bibancos, l'ONG Apolônias do Bem est déjà venue en aide a de nombreuses femmes, au Brésil, mais aussi dans 12 autres pays d’Amérique latine et au Portugal.
Baptisé ainsi en l’honneur d'Apolline d'Alexandrie, la patronne des dentistes, une martyre chrétienne dont les bourreaux auraient arraché les dents, l’ONG compte aujourd’hui un réseau de 1700 dentistes.
L’ONG ne bénéficie pas de subvention publique car, comme l’a expliqué un des docteurs membre du réseau aux journalistes de l’AFP dont l’enquête a été relayée dans le journal 20minutes, «Les femmes (battues) ont droit au Brésil à une aide psychologique et juridique mais pas à une aide odontologique» et ce malgré le fait que « la majorité d'entre elles a perdu plus de la moitié des dents du haut. ». Elle finance donc les soins grâce à des dons de particuliers et d’entreprise, ainsi qu’à ceux des dentistes bénévoles…
Une fois passées entre leurs mains, les victimes retrouvent non seulement un beau sourire mais aussi l’espoir de trouver du travail : « Personne ne va recruter une nounou sans dents de devant pour ses enfants. Aucune boutique ne va embaucher une vendeuse sans dents de devant », explique le dentiste, et « des DRH refusent de faire l'entretien d'une personne édentée » …
Empêchées de travailler, de sourire ou de rire si elles en avaient encore l'envie, les femmes édentées ne peuvent pas davantage embrasser, se nourrir correctement, mastiquer normalement…
Source : 20 Minutes
Comments