En 2008, un nouvel homme, découvert par la génétique et par une unique dent et fragment d’auriculaire, fait l’objet d’une exposition en Dordogne. En 2010, les paléoanthropolongues en avait fait leur découverte de l’année : une petite fille, qui a vécu en Sibérie il y a plus de 50 000 ans, a appartenu à une autre humanité. Une humanité dont on ne retrouve de ténues traces génétiques que chez les populations actuelles de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Cette fillette appartenait bien au genre Homo, mais à une lignée distincte des Sapiens et des Neanderhalensis. Sa découverte était alors tout simplement exceptionnelle : d’abord parce qu’un être nouveau était présenté à la communauté scientifique uniquement grâce à une analyse génétique, mais également parce qu’à une époque pas si lointaine, la Terre était peuplée d’au moins trois humanités (voir 4, si l’on tient compte de l’homme de Florès), susceptibles de s’être croisés.
L’enfant de Denisova, comme elle a alors été appelée, est au centre de la grande exposition annuelle du Musée National de la Préhistoire aux Eyzies, en Dordogne. Le conservateur Jean-Jacques Cleyet-Merle et son collègue russe Mikaël Shunkov ont réuni tout ce qui peut permettre de dessiner un portrait de l’homme de Denisova. Bernard Vandermeersh, professeur d’anthropologie de l’Université de Bordeaux et grand spécialiste de Neandertal explique : « Faute d’un crâne, on ne sait pas quelle tête il avait. Mais il devait ressembler aux Néandertaliens. La taille des fragments laisse penser que ces individus étaient robustes. »
Depuis la découverte en 2008, les Russes, très enthousiastes, multiplient les recherches en Sibérie afin de retrouver d’autres fragments. Dans les strates dans lesquelles ces Dénisoviens ont été découverts, se trouvaient également des Néandertaliens et des objets qui peuvent leur être rattachés : des outils en pierre et en os, bagues, perles en ivoire, pendentifs et bracelets…
Le conservateur du musée résume « On est face à trois humanités dont on peut supposer qu’elles avaient des capacités cognitives équivalentes. Ce passage à la modernité est-il imputable à l’une d’elles qui aurait distribué sa science aux autres ? On est en tout cas passé d’une sorte de pluralité à une situation d’hégémonie ».
Cette exposition permet également de pointer du doigt la difficulté des recherches sur nos origines à partir d’éléments infimes, mais avec des analyses toujours plus précises. L’exposition « Le Troisième Homme », à découvrir jusqu’au 13 Novembre au musée national de la Préhistoire aux Eyzies !
Source : Sud-Ouest et Le Monde
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