Dans une tribune publiée le 6 novembre, les représentants de l’association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), de l’association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf) et de la fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (FNEK) exprimaient leur profonde déception suite à la publication du dernier décret relatif à « l’accès aux formations de médecine, de pharmacie, d’odontologie et de maïeutique ».
« Devant des textes aussi flous, et l’absence de moyens financiers suffisants de la part de l’État, les seules possibilités que l’on nous offre sont la reproduction de pratiques passées et dépassées. À la volonté d’une transformation imminente du système de santé, on nous répond par une réforme s’étalant sur des années. À la volonté d’une transformation en profondeur, on nous répond par la promesse du statu quo. Les futurs étudiants ne savent toujours pas à quoi va ressembler leur première année de formation. »
- Extrait du communiqué à lire dans son intégralité ici
En effet, si la plupart des étudiants sont d’accord pour dire que les objectifs poursuivis par cette réforme sont pertinents, pour eux, les textes en l’état actuel ne cadrent pas suffisamment ni les contenus des enseignements, ni le processus de sélection… Ewen Le Drast, étudiant en 5e année à la faculté d’odontologie de Brest et nouveau président de l’Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD) estime effectivement que les arrêtés sont « très permissifs » et « accordent une autonomie très importante aux universités ». Selon lui, il faudra donc « veiller à ce que la diversification des profils soit réellement assurée » pour sortir de la « sélection tout QCM ».
Du côté des universités justement, la réaction est aussi mitigée : « La réforme des études de santé est touchée par le manque de moyens dédiés aux enjeux de santé de notre pays. Faute de financements supplémentaires permettant un enseignement, un encadrement et un accompagnement justifiés par les nouveaux parcours proposés à la rentrée 2020, il ne sera pas possible d’être à la hauteur des enjeux de cette réforme », pouvait-on lire dans un communiqué de la CPU (Conférence des Présidents de l’Université).
Les délais inquiètent également : chaque université doit proposer au moins deux de ces trois voies d’accès. Et l’offre de formation doit être affichée sur la plate-forme Parcoursup, qui permet de s'inscrire dans l'enseignement supérieur, d’ici le 20 décembre prochain. Même si pour à la rentrée 2020, à titre dérogatoire, des universités qui ne seront pas en mesure d’ouvrir deux voies d’accès pourront n’en proposer qu’une. Cela devrait être le cas d’un tiers de la quarantaine de facultés de médecine françaises.
« Nous vivons difficilement cette situation même si nous adhérons aux objectifs de la réforme », a expliqué Djillali Annane, le doyen de la faculté de médecine de l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines dans un article EducPros. « Il s’agit d’une restructuration totale de l’offre de formation à mener dans des délais très courts. Il faut mettre en place de nouveaux cours, travailler sur de nouvelles modalités d’enseignement, dans les UFR de médecine mais aussi dans les autres composantes des universités à partir desquelles les étudiants pourront accéder aux études médicales ».
La question des places ouvertes en deuxième année de médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie reste également sensible : « Celles-ci restent limitées et l'entrée sélective. C’est faux de dire que le numerus clausus est supprimé », souligne le Dr Annane.
« La sélectivité sera plus importante dans les universités, notamment en province, qui disposent de peu de moyens et de peu d’enseignants. Quant aux universités parisiennes, très attractives, leurs capacités de formation sont très largement dépassées ». Les places en stage, soit dans les CHU soit dans certains cabinets de ville auprès de maîtres de stage universitaires, sont également limitées.
Sources : Information dentaire, Educ Pro
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