D’après une nouvelle étude réalisée en milieu hospitalier et publié dans la revue « Journal of Hospital Infection », les sèche-mains à air pulsé des toilettes répandent plus de germes que les serviettes en papier jetables, et ne devraient donc pas y être utilisés…
C’est une équipe de recherche de l’Université de Leeds en Grande-Bretagne qui a réalisé ses travaux, et qui avait déjà démontré, en 2014, que les sèche-mains à air pulsé (les plus modernes) projetaient 27 fois plus de bactéries dans l’environnement que les essuie-mains, et 4.5 fois plus que le sèche-mains électrique classique. Leur étude s’était basée sur des toilettes publiques.
Pour cette nouvelle étude, ils ont réalisé leurs recherches directement dans les toilettes des hôpitaux. 120 prélèvements ont donc été réalisés (60 sur les essuie-mains jetables, 60 pour les sèche-mains à air pulsé) dans deux toilettes de 3 hôpitaux : Leeds (Angleterre), Saint-Antoine (Paris) et Udine (Italie). Chacune des toilettes disposait de distributeurs d'essuie-mains et de sèche-mains, mais un seul était utilisé chaque jour. Ainsi, tous les jours pendant 12 semaines, les niveaux de contamination bactérienne dans les toilettes ont été mesurés, ce qui a permis de faire des comparaisons entre les deux méthodes de séchage. Des échantillons ont été prélevés sur les sols, l'air et les surfaces de chacune des toilettes.
Résultat : c’est en Italie que l’air, la porte, le sol, la surface de l’appareil, l’évier et même la poussière contenaient le moins de bactéries. Dans les hôpitaux parisiens et anglais, 8 fois plus de bactéries ont été récupérées sur le sol lorsque le sèche-mains était utilisé par rapport aux serviettes en papier. La surface de l’appareil présentait en revanche 30 fois plus de contamination sur le sèche-mains que sur la boîte de serviettes en papier. En revanche, dans l’air, aucune différence n’a été notée entre les deux méthodes de séchage. En ce qui concerne l’air, les chercheurs commentent : « 80% des bactéries en suspension dans l’air ont été récupérées dans les 10 à 15 minutes suivant l’utilisation d’un sèche-mains à jet d’air », précisant ainsi qu’ils ont certainement manqué la plupart des « pointes de contamination de l’air associées à (leur) utilisation ».
Une autre limitation de l’étude concerne l’efficacité du lavage des mains. Dans un communiqué, le Pr Mark Wilcox, en charge de l’étude, explique : « Le problème commence parce que certaines personnes ne se lavent pas les mains correctement. Lorsque les gens utilisent un séchoir à jet d’air, les microbes s’envolent et se répandent dans les toilettes. Cela crée un aérosol qui contamine la pièce, y compris le sèche-mains lui-même et potentiellement les éviers, le sol et autres surfaces. Les serviettes en papier absorbent l’eau et les microbes laissés sur les mains et, si elles sont éliminées correctement, le risque de contamination croisée est faible ».
En conclusion, les auteurs pensent que le sèche-mains électrique ne devrait pas avoir sa place dans les milieux cliniques : « ces travaux confirment les résultats précédemment obtenus en laboratoire et corroborent les récentes directives françaises concernant l’hygiène des mains, qui découragent l’utilisation de séchoirs à jet d’air dans les salles de soins ».
Source : Sciences et Avenir
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