Pompes à salive, sachets de stérilisation, bavoirs de protection, plateaux et brosses à dents jetables… Seriez-vous capable d'évaluer la quantité de déchets plastiques que vous générez chaque année ?
En 2013, l’ADF s’était prêtée à l’exercice et, selon ses estimations, les cabinets dentaires français, produisent, tous les ans, plus de 160 millions de déchets plastiques… Non, vous ne rêvez pas, 160 millions! Et encore, nous ne parlons pas ici de la consommation d’eau ou d’électricité, ni de la consommation de papier, ou de celle des produits polluants, déchets de mercure, de rayons X...
Bref, vous l’aurez compris, l’activité des cabinets dentaires n’est pas sans conséquence pour notre planète. Et si vous faites partie des 91,7 % de chirurgiens-dentistes qui se sentent concernés par les questions de développement durable dans leur profession, vous n’avez probablement pas attendu de lire ces informations pour en prendre conscience d’ailleurs. Mais, entre prendre conscience d’une situation, et trouver des solutions concrètes pour y pallier, le chemin peut parfois être long…
Alors, que vous vous demandiez encore par où commencer, ou que vous cherchiez à aller plus loin dans votre démarche, vous trouverez forcément dans cet article de nouvelles pistes à explorer pour réduire l’impact environnemental de votre cabinet !
Les avantages à adopter une pratique plus verte
Au-delà des raisons évidentes liées à l’environnement, mettre en place des dispositifs et adopter les bons gestes pour réduire l’impact de votre activité sur l’environnement a de nombreux avantages, dont certains sont insoupçonnés :
D’abord, les particuliers étant de plus en plus nombreux à tenir compte de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises, l’empreinte écologique devient un critère de décision de plus en plus important dans leurs choix de consommation. Votre cabinet dentaire peut en tirer parti et se distinguer de la concurrence par son engagement écologique. Aujourd’hui, le praticien qui veut attirer de nouveaux patients profitera certainement des avantages d’un « cabinet vert »… et ses patients existants auront une raison de plus de lui rester fidèles.
Ensuite, il a été observé qu’un effort de conscience sur le lieu de travail pour être plus respectueux de l’environnement pouvait avoir un impact positif sur le moral, la santé et la productivité des acteurs impliqués. En travaillant ensemble à réduire l’impact de leur activité, praticiens, assistants et secrétaires pourraient en effet voir leur qualité de vie au travail s’améliorer et leur motivation accroître.
Enfin, dernier argument, et pas des moindres, adopter une pratique plus verte peut vous permettre de réduire considérablement les coûts d’exploitation du cabinet. En effet, une étude réalisée par l’Eco Dentistry Association aux USA a permis de démontrer par exemple que le fait de remplacer les articles en plastique à usage unique par des articles en tissu réutilisables pouvait permettre à un cabinet dentaire d’économiser 2337$ par an. L’investissement de départ dans les articles en tissus serait rentabilisé en seulement 4,9 mois ! Rendre un cabinet plus écologique est donc non seulement responsable, mais aussi rentable.
Conseils pour réduire sa consommation d'énergies
Le fonctionnement d’un cabinet dentaire requière une consommation d’énergies conséquente… Pourtant, réduire votre consommation d’énergies sans pour autant nuire à l’activité du cabinet est tout à fait possible! En mettant en place quelques solutions simples mais aussi en sensibilisant l’ensemble du personnel du cabinet, vous pourriez rapidement obtenir des résultats significatifs.
Equipements électriques :
Pour limiter la consommation en électricité de vos appareils, le premier bon geste à adopter est d’éteindre les appareils plutôt que de les laisser en veille. Notez par exemple qu’un ordinateur en mode veille consomme 20 à 40% de sa consommation en mode marche. Autant donc l’éteindre complètement, et même le débrancher ! Ce que l’on sait moins, en effet, c’est que même éteint il subsiste une consommation résiduelle... Pour pallier à cela vous pouvez envisager d’utiliser une multiprise à interrupteur pour éteindre totalement et en un seul geste plusieurs équipements électriques d’une même pièce.
Lorsque l’occasion d’un nouvel achat se présente, il convient de choisir les équipements électriques du cabinet en fonction de leur classe énergétique qui renseigne sur leur consommation annuelle quand l’information est disponible (réfrigérateur, aspirateur, ordinateur) mais aussi selon les écolabels renseignant sur l’empreinte écologique.
Éclairage :
Pour l’éclairage, privilégiez la lumière naturelle et éteignez les sources de lumière artificielle qui ne sont pas essentielles à votre activité. Installer des capteurs de présence ou des interrupteurs à minuteur dans les salles peu fréquentées et les lieux de passage et opter pour des détecteurs crépusculaires qui adaptent l’éclairage en fonction de l’intensité de la lumière naturelle peut vous permettre de réaliser d'importantes économies.
Pour ce qui est de l’éclairage en lui-même, choisissez des ampoules basse consommation ou un éclairage LED !
Chauffage :
En hiver, pas besoin de trop chauffer : une température de 19°/20°C est suffisante pour le confort. Avant d’augmenter le thermostat pensez qu’un degré en moins c’est 7% de consommation en moins ! Inutile également de chauffer quand il n’y a personne au cabinet.
L’installation de robinets thermostatiques et d’horloges programmables pourra vous aider à garder le contrôle sur la température et sur vos factures.
Cependant, tout cela aurait bien moins d’intérêt dans des locaux peu performants sur le plan énergétique. Une isolation thermique performante peut réduire la consommation d’énergie de 60% ou plus.
Eau :
Diminuer la consommation d’eau passe d’abord par la traque aux fuites d’eau : un robinet qui goutte c’est 100L d’eau qui se perdent inutilement chaque jour, et pour ce qui est d’une chasse d’eau qui coule vous pouvez encore multiplier ce chiffre par 10 pour atteindre 1000L d’eau potable gaspillés !
Cela passe également par l'instauration de nouvelles habitudes : user du robinet à bon escient pour ne prendre que l’eau dont on a besoin, utiliser une solution hydroalcoolique pour le lavage des mains ce qui permet de consommer moins d’eau mais aussi d’éviter de rejeter des effluents avec l’eau usée.
Au-delà de ces écogestes, la mise en place d’une chasse d’eau à double commande, le choix d’appareils électriques sobres en consommation d’eau, l’installation sur les robinets, de réducteurs de débit et de mitigeurs thermostatiques, vous permettront également de réduire votre consommation d’eau, tout comme le déclencheur automatique qui sera, de plus, plus hygiénique.
Enfin, en ce qui concerne l’unit dentaire, il existe des systèmes d’aspiration chirurgicale humides qui intègrent un dispositif de recyclage de l’eau ou, plus économes encore, des systèmes d’aspiration chirurgicale secs.
Conseils pour réduire sa production de déchets
Nous l’avons évoqué plus haut, les cabinets dentaires sont de gros producteurs de déchets : déchets plastiques, déchets papiers, déchets spéciaux, déchets radioactifs, déchets chimiques, déchets toxiques… Leur gestion représente un enjeu majeur pour votre cabinet car elle soulève des problématiques environnementales, réglementaires mais aussi économiques. Mais comment mettre en place une politique de réduction des déchets efficace ? En vous appuyant sur le principe des 3R : Réduire - Réutiliser – Revalorise !
Lorsque nous évoquons le sujet de la gestion des déchets, la plupart des gens pensent au recyclage… Pourtant, repenser sa consommation pour réduire et réutiliser s’avère bien plus efficace car, comme le dit un célèbre adage, « le déchet le plus facile à éliminer est celui que l’on n’a pas produit ». La première chose à faire donc est de vous demander si les déchets que vous produisez sont « évitables » ou non. Il existe presque toujours une alternative qui pourrait vous permettre de consommer moins de matière, une alternative moins polluante et, comme nous le disions précédemment, souvent plus rentable sur le long terme…
Réduire :
Pour réduire la quantité de déchets dès la source vous pouvez notamment :
Acheter en gros, et lorsque c’est possible en vrac, les articles souvent utilisés (gants, masques…) vous limitez ainsi la quantité d’emballages et diminuez le nombre de colis transportés.
Tirer parti des technologies numériques en dématérialisant un maximum de choses : les éléments administratifs liés au fonctionnement du cabinet (contrats avec les prestataires, factures, fiches de paie…), les dossiers cliniques et administratifs des patients (devis, fiches consentement éclairé, feuilles de soins, questionnaires médicaux, imagerie et empreintes numériques…), vos correspondances avec vos confrères et vos patients (partage de dossiers via des serveurs et des solutions cloud sécurisés, rappels de rendez-vous par SMS ou courriels…) et même votre marketing !
Utilisez la stérilisation à la vapeur et éliminez autant que possible l'utilisation de produits chimiques.
Réutiliser :
Limitez au maximum les produits à usage unique :
Préférez les piles, les cartouches d'imprimantes et les bidons d'entretien rechargeables.
Installez un sèche main électrique (avec un système évitant la dispersion des micro-organismes) plutôt que des serviettes en papier dans les sanitaires.
Préférez les serviettes, les têtières, les blouses en tissus lavables plutôt qu’en plastique.
Choisissez des dispositifs médicaux stérilisables et donc réutilisables, tels que des seringues d’irrigation en verre, des pompes à salive, des embouts air-eau et même des gobelets en acier inoxydable.
Utilisez des conteneurs de stérilisation en aluminium plutôt que des pochettes en plastique…
Revaloriser :
La revalorisation ne doit venir qu’en dernier recours, c’est à dire une fois que toutes les options ont été envisagées pour réduire les déchets.
Dans ce cas il convient de trier. Certaines filières de tri sont obligatoires (DASRI, DEEE, amalgame), d’autres sont volontaires. Une filière de tri peut ainsi être créée pour la plupart des déchets selon les possibilités techniques de stockage et de collecte ou de dépôt dans un centre de traitement : papier, cartons, verre, piles, ampoules, plastique, métal, cartouches d’encre, mobilier, équipement informatique, médicaments, liquides des bains pour la radiographie argentique et feuille de plomb dans les pochettes des films argentiques, etc.
Vous pouvez également vous renseigner sur différentes alternatives et faire don de votre matériel dentaire à des ONG par exemple...
L'amélioration continue : la clé pour une transition réussie
Si le principe des 3R est reconnu comme étant un moyen efficace de réduire sa consommation et sa production de déchets, il existe une variante qui y ajoute un 4ème « R », celui de « repenser». Car finalement, réduire significativement son impact sur l’environnement implique de repenser de A à Z sa façon d’acheter, de consommer, de se déplacer et même, en l’occurrence, de travailler…
La liste des conseils que nous vous avons donnée dans ce focus n’est bien entendu pas exhaustive… Peut-être avez-vous déjà mis en place des actions qui n’y figurent pas comme choisir de travailler avec des partenaires qui ont des principes durables, instaurer le covoiturage au cabinet, ou préférer donner des brosses à dents en matière recyclée à vos patients… Quoi qu’il en soit, chacun de ces gestes mérite d’être salué et partagé, pour sensibiliser vos patients et, pourquoi pas, inspirer d’autres cabinets...
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