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  • Photo du rédacteurDocteur Bridge

E-Santé : le numérique au service de la santé


Les progrès technologiques ont profondément modifié le secteur de la santé : la manière d’interagir avec les patients, de collaborer avec les professionnels, d’accéder et de traiter les données, l’apprentissage, la recherche… rien n’a échappé à la transformation numérique.


La santé connectée a d’ailleurs occupé une place du choix parmi les quelques 25 secteurs présents lors de l’édition 2019 du Consumer Electronics Show (CES), le grand rendez-vous international de l'innovation technologique. Plateformes de communication, objets connectés, applications mobiles, robots, et autres instruments de mesures numériques… de nombreuses innovations, de plus en plus perfectionnées, voient le jour chaque année.


Mais concrètement, quels sont leurs objectifs, quels rôles ont-elles à jouer ? Nous faisons le point sur le potentiel de quelques-unes d’entre elles :



Former les praticiens


"On apprend mieux de nos erreurs que de nos succès", voilà un adage qui parle à beaucoup d’entre nous. Mais qu’en est-il lorsque l’on étudie ou que l’on pratique un métier dans le secteur de la santé et que commettre une erreur peut avoir de graves conséquences pour le patient qui se trouve entre nos mains ?! C’est là que la technologie entre en jeu !


Pour permettre aux étudiants et aux praticiens de se former sur diverses interventions médicales sans porter atteinte à la sécurité des patients, de plus en plus d’établissements s’équipent de "mannequins haute fidélité".


Ces robots, programmés et pilotés à distance reproduisent les symptômes et les comportements des patients lors de simulations cliniques aux scénarios plus ou moins extrêmes. Ainsi, comme les pilotes s’exercent sur un simulateur avant de monter à bord d’un avion, les étudiants s’entrainent sur ces robots avant de manipuler de véritables patients.


La Faculté de chirurgie dentaire de Strasbourg est la première en France à s’être équipée d’un tel mannequin. Fabriqué par la société Norvégienne Laerdal Medical, le modèle acquis par l’université pour la somme de 70 000 euros respire, cligne des yeux, transpire ou parle grâce à un professeur qui le manipule à distance. Il peut également crier, saigner, vomir et même faire un malaise ou un arrêt cardiaque pour simuler les cas les plus sévères.



Effectuer des consultations à distance


Alors que le système de santé inquiète de plus en plus les Français, la téléconsultation se présente comme un moyen de répondre à plusieurs problématiques d’ordre public telles que l’engorgement des urgences, les déserts médicaux ou encore la saturation de certains cabinets médicaux.


Ce mode de consultation offre en effet de nombreux avantages: déplacements et temps d’attente réduits, accès au soin simplifié, distances et frontières géographiques effacées… Du côté des praticiens, elle représente aussi une occasion d’optimiser leurs agendas en palliant en partie les désistements et autres annulations de rendez-vous à la dernière minute.


C’est pour toutes ces raisons que, depuis plusieurs années déjà, les initiatives pour faciliter et améliorer la qualité des consultations à distance se multiplient. Une tendance qui ne devrait aller qu’en grandissant puisque la téléconsultation est désormais prise en charge par l’assurance maladie, sous certaines conditions, depuis septembre 2018.


De nombreux acteurs investissent le marché à l’image du géant Amazon qui permet, grâce à son assistant personnel intelligent baptisé Alexa, de mettre en relation les médecins avec leurs patients par visioconférence.


Amazon n’est pas le premier à offrir aux patients la possibilité de consulter virtuellement. L’entreprise Française Quare et l’entreprise Suédoise Livi ont investi le marché auparavant en créant des plateformes dédiées à ce type de consultation. Ces acteurs ont récemment été rejoints par le numéro un du rendez-vous médical en ligne en France, Doctolib, qui propose depuis le mois de Janvier aux quelques 40 000 médecins inscrits sur son site de faire apparaître une fenêtre de consultation virtuelle à destination de leur patientèle.



Alors que ces derniers proposent des plateformes complètement dématérialisées, l’entreprise française H4D a su ajouter une nouvelle dimension à la téléconsultation en mettant au point une cabine connectée équipée d’une dizaine d’instruments de mesure : la "Consult Station".


Le principe de H4D est simple : une fois installé dans la cabine, le patient est mis en relation avec un médecin via visioconférence qui, après avoir mené un interrogatoire classique, va le guider pour utiliser les instruments de mesure utiles à son diagnostic. Prendre sa tension ou sa température, utiliser un stéthoscope ou faire un ECG, mesurer la quantité d’oxygène qui circule dans le sang et même réaliser un dépistage dermatologique ou un examen auditif… Les possibilités offertes par la "Consult Station" sont multiples et comblent en partie l’un des inconvénients évidents de la téléconsultation : l’impossibilité pour le praticien de prendre des mesures physiques.





Suivre l'évolution des patients


Si la téléconsultation peut permettre aux patients isolés ou atteints de maladies chroniques de consulter plus fréquemment en les libérant de certaines contraintes, reste que, une fois la (télé)consultation terminée et les examens faits, chacun rentre chez lui (ou coupe son ordinateur) et attend le prochain rendez-vous pour un nouveau bilan… Et si le suivi pouvait être effectué en dehors de ces consultations ?


Pascal, atteint de la sclérose en plaques témoigne : "Vous n'avez qu'une chance dans l'année pour voir votre neurologue, pendant 15 minutes donc il ne faut pas vous planter et bien préparer ce rendez-vous". Mais, depuis qu’il utilise l’application MS Copilote, une application spécialisée dans le suivi de l’évolution de sa maladie, l’exercice est devenu plus facile : "La sclérose en plaques est une maladie fluctuante, où la part des symptômes invisibles est très importante. L'application permet d'objectiver et de quantifier ces symptômes"... D’autant plus que les données collectées par MS Copilote sont transmises en temps réel à son neurologue !


À l’image d’MS Copilote, de plus en plus d’applications spécialisées apparaissent sur le marché, on les appelle les "logiciels thérapeutiques". En effet, si les sociétés du secteur ont d’abord investi le vaste segment du diabète, ce dernier s’étend désormais à d’autres maladies chroniques comme l'hyperactivité et les troubles de l'attention chez l'enfant (Akili), les maladies respiratoires (Propeller Health), la schizophrénie ou la dépendance aux opiacés (Pear Therapeutics).


D’autres acteurs encore expérimentent ce type d'accompagnement numérique pour les patients atteints de cancers.


Globalement, de plus en plus de personnes sont séduites par l’idée de pouvoir suivre "en temps réel" l’évolution de leur santé, comme en témoigne la tendance des bracelets et des montres connectés... Et de ce côté-là aussi il y a eu beaucoup d’avancées ces dernières années: esthétique, autonomie, partage de données avec son praticien, outils de mesure perfectionnés…


Ces évolutions ont apporté une vraie valeur ajoutée à ces objets: "Aujourd’hui, quand un médecin fait un électrocardiogramme, il le réalise à un instant T dans des conditions de stress, ainsi cette information n’est pas toujours fiable. En revanche, si un médecin peut suivre un patient à risque à distance et avoir un monitoring quotidien grâce à une montre connectée qui coûte moins de 200 euros, le paradigme change. Des malades souffrant de diabète ou d’insuffisance cardiaque par exemple vont gagner en confort et avoir la certitude de recevoir les soins les plus appropriés." a expliqué Jean-Pierre Corniou, spécialiste des technologies dans une interview accordée au Journal Du Dimanche à son retour du Consumer Electronics Show 2019.


La marque Française Withings, fleuron de la French Tech était d’ailleurs présente à cette édition du CES pour dévoiler trois de ses nouveaux produits : deux montres et un tensiomètre, tous les trois connectés.


Répondant au nom de "Move", ces montres colorées permettent de suivre aussi bien l’activité physique que le sommeil, avec une autonomie qui dépasse les 18 mois. Une version plus sophistiquée "Move EGC" intègre, comme son nom l’indique, un système pour enregistrer un ECG immédiatement à l’apparition d’un symptôme, ce qui permet une prise en charge anticipée de la fibrillation.

Le tensiomètre, quant à lui, intègre également un électrocardiogramme mais aussi un stéthoscope électronique permettant de détecter les valvulopathies. Pour cela, le stéthoscope est associé à un algorithme chargé d’écouter le son du cœur. La jeune entreprise française précise que l’hôpital Georges Pompidou a participé à sa conception.


À l’image de Withings, de nombreux fabricants de nouvelles technologies collaborent avec (ou embauchent) des professionnels de santé pour développer leurs produits. Une collaboration nécessaire qui leur permet de légitimiser leurs projets et de se différencier des applications dites de " bien-être ".



Faciliter la prise de traitement


"Un comprimé à chaque repas pendant trois semaines". Cette instruction médicale classique possède des inconvénients : risque d'oubli, manque d'adaptation à la situation du patient... Pour pallier à ces risques, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont conçu une capsule qui pourrait bien révolutionner notre façon de prendre des médicaments.


Ils testent en effet une nouvelle technologie ingérable mise au point grâce à l’impression 3D : une pilule connectée capable de délivrer un traitement directement dans l’estomac d’un patient.

L’appareil, en forme de Y, est replié dans une capsule lisse ingérable. Une fois celle-ci avalée et dissoute au contact du suc gastrique, les bras du mécanisme se dilatent afin qu'il reste en place dans l'estomac. L’une des branches de la capsule contient quatre petits compartiments destinés à contenir divers médicaments qui pourront ensuite être ouverts à distance grâce à une communication Bluetooth. L'appareil peut également embarquer des capteurs qui permettront de surveiller l'environnement gastrique et de transmettre des informations comme par exemple la fréquence cardiaque, le rythme respiratoire ou la température du patient, le tout sur son smartphone.


Les chercheurs envisagent d'utiliser ce type de capteur pour diagnostiquer les signes précoces de maladies, puis réagir avec le médicament approprié. Ils prennent pour exemple la surveillance de personnes à haut risque d'infection, tels que les patients recevant une chimiothérapie ou des médicaments immunosuppresseurs. Ainsi, si une infection est détectée, la capsule pourrait libérer des antibiotiques. En cas de détection d'une réaction allergique, elle pourrait libérer des antihistaminiques. Elle pourrait également aider les patients atteints du VIH ou du paludisme à maintenir leur traitement de façon régulière et sur une longue période puisque selon les premiers essais la capsule pourrait subsister dans l'estomac pendant au moins un mois. Les auteurs de l'étude estiment pouvoir débuter les tests sur les humains d'ici deux ans.




Le numérique est aujourd'hui au cœur de l’innovation tant de la recherche clinique que dans la prise en charge et l’accompagnement des patients. Une chose est sûre, il n'a pas fini de bouleverser le secteur de la santé ! Et, si la e-santé reste sujette à controverses, notamment en termes de protection des données, son développement s'avère être une source d'espoir pour 63% des Français (sondage Odoxa Février 2018).



SOURCES : LE FIL DENTAIRE | BMF TV | LES ECHOS | LE JOURNAL DU DIMANCHE | LA PROVENCE | TOP SANTE | STUFFI | ODOXA

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